Postbiotiques : Tout comprendre sur ces cellules

Publié par : Gergana IvanovaGergana Ivanova 9 minutes

De nombreuses recherches approfondies se sont penchées sur l’impact des biotiques quant à la composition du microbiote dans une variété de contextes physiologiques et pathologiques. Après les probiotiques et les prébiotiques, les postbiotiques suscitent désormais un intérêt croissant.

Dans cet article, nous vous invitons à plonger dans cette nouvelle génération de biotiques pour en comprendre tous les aspects.

Les biotiques : Des alliés pour notre microbiote intestinal ?

Chaque individu abrite plus de 100 milliards de micro-organismes, comprenant une variété de bactéries, virus, champignons, levures, protozoaires. Ils se répartissent au sein de différents microbiotes : buccal, cutané, vaginal, intestinal… Ce microbiote humain forme un écosystème unique, dense, complexe, dynamique et fragile.

Parmi ces microbiotes, le microbiote intestinal se distingue à la fois par sa notoriété et sa richesse. Outre son rôle dans la digestion des aliments, de nombreuses études ont clairement montré son impact sur la santé physique et mentale. En effet, la flore intestinale joue un rôle dans les fonctions digestive, métabolique, immunitaire et neurologique. (1)

Un microbiote diversifié est essentiel à la santé tout au long de la vie. En effet, des liens ont été établis entre la perturbation de cet équilibre, communément appelée dysbiose, et certaines affections, dont le Syndrome de l’Intestin Irritable (SII) et les Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI). (2)

Afin d’en prendre soin, une alimentation diversifiée et équilibrée ainsi qu’une prise de « biotiques » nous aident à maintenir son équilibre et à favoriser une bonne santé. Il en existe trois grandes catégories : les prébiotiques, les probiotiques et les postbiotiques.

Les probiotiques, d’une part, représentent des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent des effets positifs sur la santé de l’hôte selon l’OMS. Pour simplifier, ce sont des bactéries bénéfiques qui enrichissent la flore intestinale.

D’autre part, selon la définition de l’ISAPP (Association Scientifique Internationale pour les Probiotiques et les Prébiotiques), les prébiotiques sont des substrats utilisés de manière sélective par les micro-organismes hôtes ayant des bienfaits pour la santé. Autrement dit, les prébiotiques vont permettre de nourrir les bonnes bactéries.

Moins connus que leurs homologues mais faisant eux aussi partie de la famille des biotiques, les postbiotiques contribuent également à maintenir l’équilibre du microbiote.

Les postbiotiques : Une nouvelle catégorie de biotiques non-vivants

La définition des postbiotiques a souvent été modifiée. Toutefois, elle est clarifiée en 2021 par l’ISAPP en les décrivant comme une préparation de micro-organismes inactivés et/ou de leurs composants, qui confère un bénéfice pour la santé de l’hôte. (3, 4) Ces micro-organismes non vivants peuvent ainsi favoriser ou préserver notre santé.

On identifie trois types de postbiotiques, à savoir :

  • des micro-organismes inactivés
  • et/ou des fragments de structure de micro-organismes inactivés ou des composants cellulaires (exopolysaccharides, membranes, parois cellulaires, pili, protéines ancrées à la paroi bactérienne…)
  • avec ou sans composés produits par ces micro-organismes, appelés métabolites (acides organiques, bactériocines, enzymes, peptides, protéines sécrétées…)

À noter, lorsque nous intégrons des aliments riches en probiotiques et en prébiotiques dans notre régime alimentaire, les micro-organismes présents dans notre intestin se nourrissent des fibres prébiotiques non digestibles pour produire des substances bioactives, désignées aussi sous le terme de postbiotiques. 

Les postbiotiques se retrouvent également dans une variété d’aliments et de boissons fonctionnelles, ainsi que dans des médicaments et des compléments alimentaires.

Comment sont fabriqués les postbiotiques ?

Les différents micro-organismes vivants dont sont issus les postbiotiques sont soumis à des méthodes spécifiques d’inactivation.

En premier lieu, le processus de production des postbiotiques commence par une phase de fermentation, au cours de laquelle les bactéries vivantes se développent et produisent un maximum de composés d’intérêt.

Dans un second temps, les bactéries et les composés ainsi obtenus sont collectés et serviront de base dans la suite du processus.

La phase cruciale de la fabrication des postbiotiques est l’inactivation des souches bactériennes, qui peut être réalisée à l’aide de divers procédés. L’inactivation thermique constitue l’approche la plus traditionnelle, utilisée depuis des siècles pour inactiver les micro-organismes.

Parmi les techniques couramment employées, on peut citer la pasteurisation et la stérilisation, des procédés bien établis utilisés au quotidien dans la conservation de nos aliments. D’autres méthodes de traitement peuvent être exploitées, notamment la lumière pulsée et la haute pression.

Ils sont ensuite administrés par diverses voies, telles que la voie cutanée, orale, intestinale, urogénitale ou encore nasopharyngée. (5)

Les propriétés spécifiques des postbiotiques leur confèrent de nombreux atouts (5)

Tout d’abord, à la différence des probiotiques, les postbiotiques ne sont pas des micro-organismes vivants puisqu’ils sont par nature inanimés. Par conséquent, leur efficacité ne repose pas sur la viabilité des cellules bactériennes. Ils n’ont donc pas besoin d’être surdosés, souvent observée avec les probiotiques, pour assurer leur arrivée intacte et en nombre suffisant à leur destination finale.

En effet, lors de l’ingestion d’un probiotique, ce dernier doit résister aux conditions extrêmes du tube digestif (acidité, enzymes, sels biliaires…). Les souches doivent être suffisamment résistantes pour parvenir vivantes dans l’intestin. A contrario, les postbiotiques ne sont pas vivants : ils ne sont pas sensibles à l’acidité gastrique.

Ensuite, les postbiotiques garantissent l’innocuité pour le consommateur. D’une part, leur action est localisée. Ils ne présentent pas de translocation bactérienne, c’est-à-dire le passage de bactéries de la lumière intestinale vers la circulation sanguine, même chez les individus présentant une altération de la perméabilité intestinale. D’autre part, les postbiotiques ne développent pas de résistance aux antibiotiques.

Enfin, les postbiotiques jouissent d’une longue durée de vie, leur période de conservation étant plus étendue que celle des probiotiques. Ils sont thermorésistants et ne sont pas sensibles à l’oxygène, ce qui les rend plus aptes à supporter divers traitements et manipulations. Étant inanimés, ils se prêtent facilement au stockage et au transport.

En résumé, en garantissant efficacité, innocuité et praticité, les postbiotiques ouvrent la voie à de nombreuses possibilités pour la santé.

Postbioques : quels bénéfices pour la santé ?

Les avantages pour la santé sont similaires à ceux des probiotiques, tels que la modulation du système immunitaire et du métabolisme, l’équilibre du microbiote et le renforcement de la barrière intestinale en tant qu’agent protecteur.

Toutefois, bien que les pro- et les post- biotiques partagent des effets positifs sur le bien-être et dans de nombreuses situations pathologiques, ces derniers se distinguent par leur bonne stabilité et leur absence de contraintes liées à la nature vivante des probiotiques.

De plus, ils offrent une efficacité équivalente ou supérieure à celle des micro-organismes vivants. (6)  

À titre d’exemple, une étude a évalué l’efficacité clinique de Lactobacillus acidophilus LB lyophilisé et tué à la chaleur par rapport à des lactobacilles vivants dans le traitement de la diarrhée chronique.

Les symptômes cliniques se sont nettement améliorés dans le groupe ayant reçu des souches inanimées. L. acidophilus LB est plus efficace que les lactobacilles vivants dans le traitement de la diarrhée chronique dans cette étude. (6)

Plusieurs études ont d’ailleurs mis en évidence leurs effets potentiels sur les niveaux de cholestérol total et de triglycérides, et potentiellement les risques de maladies cardiovasculaires. (7)

De plus, ils ont été associés à l’amélioration de la qualité du sommeil et l’état de dépression en influençant l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, qui régule la réponse au stress. (8)

Les biotiques, et plus particulièrement les postbiotiques, se profilent donc comme des stratégies préventives et thérapeutiques particulièrement prometteuses grâce à leurs multiples effets bénéfiques potentiels sur la santé.

Sources scientifiques :

  • Pascal V, Pozuelo M, Borruel N, Casellas F, Campos D, Santiago A, Martinez X, Varela E, Sarrabayrouse G, Machiels K, Vermeire S, Sokol H, Guarner F, Manichanh C. A microbial signature for Crohn’s disease. Gut. 2017 May;66(5):813-822. doi: 10.1136/gutjnl-2016-313235. Epub 2017 Feb 7. PMID: 28179361; PMCID: PMC5531220.
  • Nature Reviews Gastroenterology & Hepatology . POSTBIOTIQUES : Une clarification pour les consommateurs comme les scientifiques.  6/05/2021

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