La maladie de Nash : symptômes, causes, solutions

Publié par : Gergana IvanovaGergana Ivanova 9 minutes

La maladie de Nash touche environ un quart de la population mondiale. (1) Elle prend de plus en plus d’ampleur dans nos sociétés occidentales. De ce fait, les scientifiques se mobilisent pour améliorer les connaissances relatives aux mécanismes à l’origine de sa survenue. L’objectif étant d’identifier de nouvelles solutions pour lutter contre cette pathologie.

Qu’est-ce que la maladie de Nash ?

Connue sous le nom de “maladie du soda” ou de “maladie du foie gras”, le vrai nom de cette maladie est la NASH. Cet acronyme anglais signifie Non-Alcoholic Steato Hepatitis, autrement dit en français stéato-hépatite non alcoolique. Comme son nom l’indique, cette maladie touche le foie mais n’est pas provoquée par un excès de consommation d’alcool. Elle est associée à un dysfonctionnement métabolique hépatique et se caractérise par une accumulation de graisses dans le foie.

Les symptômes de la maladie de NASH

La maladie de Nash est une maladie dite silencieuse, c’est-à-dire sans symptômes et souvent non spécifiques. Difficiles à diagnostiquer, des personnes souffrant de NASH ignorent donc leur état avant les stades plus avancés de la maladie. (2)

Toutefois, certains signes peuvent alerter : fatigue, douleurs dans le ventre, un foie de grande taille visible en imagerie médicale. À un grade plus avancé, la maladie entraîne l’élargissement des vaisseaux sanguins, une rate anormalement grosse, le rougissement des mains et le jaunissement de la peau et des yeux.

Les facteurs aggravants cette maladie hépatique

Les causes de la NASH sont les mêmes que celles du surpoids et du diabète soit une prédisposition génétique ainsi qu’un environnement favorable. En effet, notre mode de vie moderne influence la NASH.

La sédentarité et la consommation d’aliments caloriques, riches en sucres et transformés conduisent à un stockage inapproprié des graisses. Le résultat ? Les tissus et les organes accumulent des lipides et présentent une résistance à l’insuline.

Par conséquent, les personnes obèses, mais également les personnes souffrant de diabète de type 2, sont plus exposées au NASH. Selon une étude, parmi un total de 1 620 patients atteints d’obésité sévère (IMC > 40), près de 91 % d’entre eux souffrent de NAFLD et environ 37 % souffrent de NASH. (3)

De même, 80,2 % des individus ayant un IMC > 35 mg/m2 sont affectés par une pathologie hépatique liée à l’obésité (stéatose, ou NASH et/ou fibrose) selon une seconde étude. (4)(5)

Cette maladie devient un véritable enjeu de santé publique en raison d’un nombre croissant de personnes souffrant d’obésité et de diabète. La Fédération internationale du diabète estime une augmentation d’environ 55% de diabète dans le monde, augmentant par conséquent dans les prochaines années le nombre de NAFLD et de NASH. (4)(6)

La maladie de NASH, une évolution progressive

Au premier stade de la maladie, appelé “stéatose” ou NAFLD, le foie commence à stocker l’excès de calories sous forme de lipides.

Lorsque l’accumulation des graisses devient trop importante, le foie est inflammé, les cellules se dégradent et l’abdomen gonfle. On parle alors de “Ballooning” et elle signifie une phase plus avancée de la maladie appelée NASH.

Elle peut encore évoluer vers une cirrhose ou le cancer du foie, caractérisés par une inflammation chronique et une dégradation du tissu hépatique. À ce stade, le patient peut n’avoir d’autre option que la greffe du foie et présente un risque plus élevé d’affections cardiovasculaires et de développer des cancers autres que le cancer du foie. (7) L’évolution en une forme plus grave n’est néanmoins pas systématique.

En comparaison à un foie sain qui compte moins de 5% de graisses (7), le foie d’une personne atteinte de stéatose contient plus de 5% de graisse et change de couleur : il passe du rouge au jaune pâle. À savoir qu’un scanner est capable de diagnostiquer des surcharges supérieures à 30% (quantification histologique) soit une fraction graisseuse d’environ 10%. (8)

Quelles solutions naturelles contre l’évolution de la maladie de NASH ?

Actuellement, il n’existe pas de traitement spécifique pour lutter contre les phases les plus avancées de la maladie. Toutefois, la bonne nouvelle, c’est que les phénomènes de NAFLD et de NASH sont réversibles. Voici quelques conseils simples pour freiner l’avancée de la maladie.

Un changement de mode de vie

Au premier stade de la maladie, il est généralement recommandé de changer son mode de vie, voire de perdre du poids. En diminuant les apports caloriques et en augmentant l’exercice physique, les quantités de graisses dans le foie stockées sont ainsi diminuées. Ces nouvelles habitudes de vie améliorent à la fois la santé des patients atteints de NASH et diminuent le risque d’accident cardiovasculaire et de diabète.

Une perte de poids d’au moins 7% et une diététique proche du régime méditerranéen montre une amélioration de la graisse hépatique et une régression des signes histologiques de stéatose selon une étude. (9)

Le sucre, l’ennemi du foie

Des données récentes suggèrent que les régimes riches en sucres augmentent non seulement le risque de NAFLD, mais aussi la maladie de NASH. De même, le fructose, utilisé par l’industrie pour sucrer les aliments, augmente l’accumulation des graisses dans le foie, en raison d’une augmentation de la lipogenèse et d’une altération de l’oxydation des graisses (10). Il est donc recommandé de réduire sa consommation de sucre et de fructose.

Des antioxydants pour détoxifier le foie

Le stress oxydatif joue aussi un rôle clé dans la progression de la NAFLD. Le potentiel des antioxydants sur les maladies métaboliques devient de plus en plus étayé (11). Une supplémentation d’acides gras oméga-3 à longues chaînes, principalement l’acide docosahaexénoïque (DHA) et l’acide eicosapentaénoïque (EPA), semble être une bonne stratégie pour lutter contre l’excès de radicaux libres. En effet, en raison de leurs propriétés antioxydantes, ces acides gras insaturés nettoient et préservent le foie. 

Du Chardon-Marie contre les troubles hépatiques

Le Chardon-Marie (Silybum marianum) est utilisé traditionnellement pour lutter contre les troubles hépatiques, notamment chez les personnes atteintes de NASH. Cette plante contient un mélange de flavonoïdes connus sous le nom de silymarine, dont la silybine (également appelée silibinine) est le principal composant. Un essai randomisé portant sur 99 patients a montré qu’une prise de 700 mg, trois fois par jour pendant 48 semaines, a réduit les phénomènes de fibrose (12). Ce dosage s’est révélé sûr et bien toléré (13).

Dans une autre étude, l’efficacité du Chardon-Marie a été démontrée sur la réduction des niveaux de transaminases (14). Ces résultats sont prometteurs et encouragent des essais de plus grande envergure dans le cadre de problèmes hépatiques. 

Le magnésium améliore la sensibilité à l’insuline

La NAFLD et la NASH s’accompagnent presque systématiquement d’une résistance à l’insuline. Or, le magnésium a une action positive sur l’insulino résistance (15). Les personnes atteintes du diabète de type 2 qui présentent un risque élevé de développer une stéatose hépatique présentent des concentrations intracellulaires de magnésium faible. Même s’il n’existe pas d’étude significative sur l’intérêt d’une complémentation en magnésium, ce minéral semble intéressant par son action sur la résistance de l’insuline.

Sources scientifiques :

  • Jorge Simón, et al., Magnesium, Little Known But Possibly Relevant: A Link between NASH and Related Comorbidities, Biomedicines,  2021 Jan 27;9(2):125. doi: 10.3390/biomedicines9020125, PMID: 33513920 PMCID: PMC7911938
  • Polis S, Fernandez R. Impact of physical and psychological factors on health-related quality of life in adult patients with liver cirrhosis: a systematic review protocol. JBI Database System Rev Implement Rep. 2015 Jan;13(1):39-51. doi: 10.11124/jbisrir-2015-1987. PMID: 26447006
  • Machado M, Marques-Vidal P, Cortex-Pinto H. Hepatic histology in obese patients undergoing bariatric surgery. J Hepatol. 2006 Oct;45(4):600-6. doi: 10.1016/j.jhep.2006.06.013. PMID: 16899321
  • Chalasani N, Younossi Z, Lavine JE, et al. The diagnosis and management of nonalcoholic fatty liver disease: practice guidance from the American Association for the Study of Liver Diseases. Hepatology. 2018 Jan;67(1):328-357. doi: 10.1002/hep.29367. PMID: 28714183
  • Subichin M, Clanton J, Makuszewski M, Bohon A, Zografakis JG, Dan A. Liver disease in the morbidly obese: a review of 1000 consecutive patients undergoing weight loss surgery. Surg Obes Relat Dis. Jan-Feb 2015;11(1):137-41. doi: 10.1016/j.soard.2014.06.015. PMID: 25701959
  • Guariguata L, Whiting DR, Hambleton I, et al. Global estimates of diabetes prevalence for 2013 and projections for 2035. Diabetes Res Clin Pract. 2014 Feb;103(2):137-49. doi: 10.1016/j.diabres.2013.11.002. PMID: 24630390
  • European Association for the Study of the Liver (EASL); European Association for the Study of Diabetes (EASD); European Association for the Study of Obesity (EASO). EASL-EASD-EASO Clinical Practice Guidelines for the management of non-alcoholic fatty liver disease. J Hepatol, 2016 Jun;64(6):1388-402. doi: 10.1016/j.jhep.2015.11.004. PMID: 27062661
  • Park SH1, Kim PN, Kim KW, Lee SW, Yoon SE, Park SW, Ha HK, Lee MG, Hwang S, Lee SG, Yu ES, Cho EY. Macrovesicular hepatic steatosis in living liver donors: use of CT for quantitative and qualitative assessment. Radiology. 2006 Apr;239(1):105-12. doi: 10.1148/radiol.2391050361. PMID: 16484355
  • AmelAit Boudaoud, et al., Interventions nutritionnelles dans la prise en charge de la stéatose et la stéatohépatite non alcooliqueNutritional Management of Nonalcoholic fatty liver disease (NAFLD), https://doi.org/10.1016/j.lpm.2019.10.026
  • Thomas Jensen, et al., Fructose and sugar: A major mediator of non-alcoholic fatty liver disease, J Hepatol. 2018 May;68(5):1063-1075. doi: 10.1016/j.jhep.2018.01.019. PMID: 29408694 PMCID: PMC5893377
  • Jinchunzi Yang, et al., Oxidative Stress and Non-Alcoholic Fatty Liver Disease: Effects of Omega-3 Fatty Acid Supplementation, Nutrients. 2019 Apr 18;11(4):872. doi: 10.3390/nu11040872. PMID: 31003450 PMCID: PMC6521137
  • Chan Wah Kheong, et al., A Randomized Trial of Silymarin for the Treatment of Nonalcoholic Steatohepatitis, Clinical Gastroenterology and Hepatology 2017;15:1940–1949
  • Victor J Navarro, et al., Silymarin in non-cirrhotics with non-alcoholic steatohepatitis: A randomized, double-blind, placebo controlled trial, PLoS One. 2019 Sep 19;14(9):e0221683. doi: 10.1371/journal.pone.0221683.eCollection 2019. PMID: 31536511 PMCID: PMC6752871
  • Sheng Zhong, et al., The therapeutic effect of silymarin in the treatment of nonalcoholic fatty disease: A meta-analysis (PRISMA) of randomized control trials, Medicine (Baltimore). 2017 Dec;96(49):e9061.doi: 10.1097/MD.0000000000009061. PMID: 29245314 PMCID: PMC5728929
  • Junji Takaya, Hirohiko Higashino, Yohnosuke Kobayashi, Intracellular magnesium and insulin resistance, Magnes Res. 2004 Jun;17(2):126-36. PMID: 15319146

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