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Gergana Ivanova 8 minutes
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), c’est en Europe que la prévalence de l’hypercholestérolémie par habitant est la plus élevée du monde. En effet, l’excès de cholestérol affecte 54% de la population européenne et forme un réel enjeu de santé publique. En cas de cholestérol élevé, il existe une alternative naturelle aux statines : la levure de riz rouge. On fait le point sur ce champignon microscopique originaire d’Asie.
Le cholestérol, le comprendre pour mieux le surveiller
Les rôles du cholestérol
Le cholestérol est un lipide appartenant à la famille des stérols. C’est un composant lipidique fondamental des membranes cellulaires des animaux et il s’intercale entre les phospholipides de la bicouche lipidique. Il contribue à la stabilité des membranes et au maintien de leurs structures.
Outre ses rôles structurels, le cholestérol est aussi un précurseur de nombreuses molécules biologiques comme les hormones stéroïdiennes (cortisol, cortisone et aldostérone) et les hormones stéroïdiennes sexuelles (progestérone, œstrogènes et testostérone). Il est également impliqué dans la synthèse de cholécalciférol (vitamine D3), d’ubiquinone (coenzyme Q10) et des sels biliaires.
L’équilibre du cholestérol est donc primordial à un bon métabolisme et de bons échanges intercellulaires.
L’excès de mauvais cholestérol, l’ennemi des artères
On distingue le cholestérol-HDL, correspondant au « bon » cholestérol et le cholestérol-LDL, faisant référence au « mauvais » cholestérol. Le cholestérol-HDL permet l’élimination du cholestérol de l’organisme via le foie alors que le cholestérol-LDL se dépose sur les parois des artères et forme progressivement des plaques qui grossissent, durcissent et obstruent les conduits artériels.
Si le cholestérol est un lipide essentiel à l’organisme, le « mauvais » cholestérol en excès est néfaste pour la santé : il est responsable de nombreuses maladies du cœur et des vaisseaux. Il peut conduire sur le long terme à un infarctus du myocarde, un accident vasculaire-cérébral ou une artérite des membres inférieurs.
Cette hypercholestérolémie, c’est-à-dire l’excès de mauvais cholestérol LDL dans le sang, se développe progressivement et silencieusement sans signes visibles. Pour le doser et préserver ainsi votre cœur, il est donc nécessaire de réaliser un bilan lipidique régulièrement grâce à un examen sanguin pour évaluer les taux de cholestérol-HDL, de cholestérol-LDL et de cholestérol total. À savoir, le taux idéal pour la santé est inférieur à 2,0 g/l.
Les causes d’un taux élevé de cholestérol
Un taux trop élevé de cholestérol indique en général une alimentation trop riche en graisses saturées (viandes, charcuteries, produits laitiers). Cependant, d’autres causes peuvent favoriser une hypercholestérolémie tels que la consommation d’alcool, le manque d’activité physique et l’indice de masse corporel trop élevé (IMC).
De même, l’âge, le sexe, certaines maladies (affections du foie, rein, thyroïde, diabète…) et l’hérédité sont des facteurs de risque.
À savoir, c’est l’anomalie génétique la plus fréquente chez l’adulte en France responsable d’une hypercholestérolémie familiale. (1)
Mesures diététiques et traitements médicamenteux pour la prise en charge de l’hypercholestérolémie
Pour abaisser le taux de “mauvais” cholestérol, il convient d’adopter une alimentation équilibrée et protectrice vis-à-vis des artères. En parallèle d’une pratique d’exercices physiques réguliers, un régime diététique adapté et faible en graisses saturées permet de réduire d’environ 1/3 les maladies cardiovasculaires mais aussi l’apparition du diabète (2).
Dans certains cas, il peut être nécessaire de réduire le taux de cholestérol par un traitement médicamenteux, appelé les hypolipémiants. Pour ce faire, les prescriptions de traitements reposent souvent sur la classe des statines. Ces dernières permettent de réduire le taux de cholestérol sanguin en bloquant une enzyme qui participe à sa production dans le corps. Bien tolérées, 5% des patients présentent des effets indésirables tels que des douleurs musculaires et des crampes.
En deuxième intention, on peut retrouver l’ézétimibe ainsi que des médicaments de la famille des fibrates. Ces derniers diminuent le taux de cholestérol LDL, mais aussi les taux sanguins de triglycérides et d’acide urique. L’ézétimibe inhibe quant à lui l’absorption intestinale du cholestérol. Cependant, il existe aussi des alternatives naturelles, telles que la levure rouge de riz.
La levure rouge de riz, une alternative naturelle aux statines
Qu’est-ce que la levure de riz rouge ?
La levure de riz rouge est produite par la fermentation d’un champignon (Monascus purpureus) avec du riz blanc. Connue en Chine depuis plus de 1 000 ans, elle est utilisée depuis très longtemps en Asie dans la coloration des aliments et la conservation de la viande. (3) En plus de ses usages culinaires asiatiques, on lui attribue des propriétés favorisant une bonne circulation.
La levure de riz rouge contient des monacolines, dont la plus commune et la plus active est la monacoline K, un inhibiteur de la synthèse du cholestérol. Cet actif naturel est structurellement identique à la lovastatine (4), un médicament destiné à baisser le taux de cholestérol dans le sang. Il inhibe la 3-hydroxy-3-méthyl-glutaryl-CoA (HMG-CoA) réductase, une enzyme hépatique contrôlant la vitesse de synthèse du cholestérol. (9)
Outre les monacolines, la levure rouge de riz contient également d’autres substances qui pourraient contribuer à son activité : acides gras, pigments… (4)
De nombreuses études ont démontré que la levure rouge de riz contribue au contrôle du taux de cholestérol (5,6). En effet, Monascus purpureus a réduit de manière significative les taux de LDL-C, de cholestérol total, de triglycérides et d’apolipoprotéine B. (7) À faible dose quotidienne (200 mg/jour contenant 2 mg de monacoline K), elle a montré une réduction du risque cardiovasculaire chez les patients atteints de dyslipidémie. (8)
Des recherches ont, par ailleurs, montré que la prise de levure de riz rouge pouvait être associée à des bénéfices sur l’élasticité et la rigidité des artères ; mais il convient d’effectuer des études complémentaires. (9)
Complément alimentaire à base de levure de riz rouge et quantité de monacoline K
Suite à des effets indésirables rapportés à l’Anses susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la levure de riz rouge, la dose autorisée maximale est désormais réduite à 3 mg de monacoline K par jour en Europe, contre 10 mg auparavant.
L’Anses déconseille la consommation de produits à base de riz rouge pour les personnes traitées avec des médicaments hypocholestérolémiants à base de statine et ayant dû arrêter ces médicaments suite à l’apparition d’effets indésirables.
L’agence rappelle aussi qu’il est recommandé pour les populations sensibles de ne pas consommer ces compléments alimentaires, dont les femmes enceintes, allaitantes ou en âge de procréer, les enfants et adolescents, les sujets âgés de plus de 70 ans, les personnes atteintes de pathologies prédisposantes (insuffisance rénale, pathologie musculaire, hypothyroïdie non traitée), les patients souffrant d’atteinte hépatique évolutive, les porteurs de polymorphismes génétiques, les forts consommateurs de pamplemousse (jus ou fruit) ou d’alcool.
Enfin, il est préférable de prendre conseil auprès d’un professionnel de santé avant de consommer des compléments alimentaires à base de levure de riz rouge, plus particulièrement les personnes suivant des traitements médicamenteux.
Sources :
- Fédération Française de Cardiologie. Cholestérol. Agir pour réduire les risques cardiovasculaires. 09/2022.
- Fédération Française de Cardiologie. Maîtriser son taux de cholestérol.
- Chia-Ding Liao, et al. Incidence of citrinin in red yeast rice and various commercial Monascus products in Taiwan from 2009 to 2012, Food Control, avril 2014, https://doi.org/10.1016/j.foodcont.2013.10.016
- Aggett, P, et al. EFSA ANS Panel (EFSA Panel Food Additives and Nutrient Sources added to Food). Scientific opinion on the safety of monacolins in red yeast rice. EFSA Journal. 2018. 2018;16(8):5368, 46 pp. https://doi.org/10.2903/j.efsa.2018.5368
- Gheith O, Sheashaa H, Abdelsalam M, Shoeir Z, Sobh M. Efficacy and safety of Monascus purpureus Went rice in subjects with secondary hyperlipidemia. Clin Exp Nephrol. 2008 Jun;12(3):189-94. doi: 10.1007/s10157-008-0033-x. Epub 2008 Mar 26. PMID: 18363032.
- Huang CF, Li TC, Lin CC, Liu CS, Shih HC, Lai MM. Efficacy of Monascus purpureus Went rice on lowering lipid ratios in hypercholesterolemic patients. Eur J Cardiovasc Prev Rehabil. 2007 Jun;14(3):438-40. doi: 10.1097/HJR.0b013e32801da137. PMID: 17568245.
- Lin CC, Li TC, Lai MM. Efficacy and safety of Monascus purpureus Went rice in subjects with hyperlipidemia. Eur J Endocrinol. 2005 Nov;153(5):679-86. doi: 10.1530/eje.1.02012. PMID: 16260426.
- Minamizuka T, et al. Low dose red yeast rice with monacolin K lowers LDL cholesterol and blood pressure in Japanese with mild dyslipidemia: A multicenter, randomized trial. Asia Pac J Clin Nutr. 2021 Sep;30(3):424-435. doi: 10.6133/apjcn.202109_30(3).0009. PMID: 34587702.
- Cicero AFG, Fogacci F, Zambon A. Red Yeast Rice for Hypercholesterolemia: JACC Focus Seminar. J Am Coll Cardiol. 2021 Feb 9;77(5):620-628. doi: 10.1016/j.jacc.2020.11.056. PMID: 33538260.